L'industrie marbrière à Cousolre


Les premiers signes de l'activité marbrière remontent au XVIIIe siècle. Durant cette période plusieurs carrières s'ouvrirent au côté de scieries le long de la Thure et de la Hante. Cette industrie connu son apogée de 1870 à 1914, avec un maximum de 74 ateliers produisant des sculptures, des cheminées, des pendules… De nombreuses œuvres furent exportées dans le monde entier (Canada, Etats-Unis, Brésil, Chili, ancien Siam, Angleterre, Allemagne, …) jusque 1960 environ.

Voir aussi :L'industrie du marbre par Jean Heuclin

L'histoire de la marbrerie à Cousolre


a) Première Période 1815 à 1830 :

Les Marbres travaillés sont les marbres noirs de Belgique, et plusieurs carrières de marbre de Cousolre sont mises en exploitation pendant cette période. Trois scieries, quatorze ateliers employant environ 300 ouvriers dont la moitié vient de la frontière belge le matin et retourne le soir. La marbrerie de Cousolre travaille exclusivement pour les marchands marbriers de Paris, sur leurs commandes directes et d'après leurs modèles.
               
A noter que ces ateliers sont fondés par des belges à la recherche de matières premières, de nouveaux débouchés et fuient la très grave crise politique et économique qui traverse la Wallonie de 1815 à 1830 ; ils emploient 300 ouvriers dont près de 150 Belges.

Cousolre apparaît comme un centre d'extraction et de sciage de marbre pour satisfaire les commandes parisiennes en tranches - tandis que s'élabore une production locale de cheminées simples, dites "Capucines" confectionnées à partir de déchets de sciage. On produit également cheminées galbées, lambris unis, carrelages, dessus de meuble et tablettes de fenêtres.

b) 2ème Période de 1830 à 1840

La production de la cheminée, continue de se développer, A.JENNEPIN nous le précise :               
" Cheminées simples comme dans la période précédente, cheminées à console galbées, cheminées à griffes, à feuille d'eau, à feuilles d'acanthes et à fleurons ; Quelques cheminées à colonnes, des monuments, et vers 1847, quelques cheminées Louis XV d'un genre très simple. "
A partir de 1840, les conditions d'existence de la marbrerie changent. Cousolre, centre d'extraction et de sciage va devenir surtout un centre où le marbre est travaillé. C'est en réalité cette décennie qui va, grâce à de nouvelles possibilités permettre d'atteindre l'apogée de l'industrie marbrière.

C'est en 1843 que le premier bloc de marbre blanc italien des carrières de Carrare fait son apparition à Cousolre. Dans le contexte général de la France, on note une amélioration des transports et des moyens de communications et un progrès démographique et urbain tandis que s'assure l'essor industriel.

En 1845 un " fabricant " de Paris : DARDENNE introduit la pendule à Cousolre et confie la direction de son atelier à DETHY. L'implantation rapide de la pendule est liée au développement du système du crédit bancaire qui permet l'avance de fonds nécessaires à l'achat de bâtiments, ou à leur construction et aussi de machines (polissoirs etc...) L'apprentissage des ouvriers est rapide, l'affaire devient vite rentable. L'écoulement de la production s'effectue vers Paris où les " fabricants" possèdent des magasins.





Pendule fabriquée à Cousolre,
par l'atelier BALDUC Frères
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c) 3ème Période de 1850 à 1870

Avec le Second Empire, Cousolre connaît sa dernière phase de croissance : de nouvelles carrières sont mises en activité, de nouveaux ateliers s'implantent et les effectifs d'ouvriers-marbriers progressent de 25% environ. Les causes de ce progrès sont à rechercher une nouvelle fois à Paris et dans le protectionnisme qui s'instaure avec l'avènement de NAPOLEON III.
Le Baron Haussman décide de rénover Paris, stimule l'industrie du bâtiment et ses annexes. La demande est très importante ; C'est ainsi qu'une quinzaine de nouveaux ateliers s'ouvrent à Cousolre, tandis que d'autres marbriers du pays implantent des ateliers à l'extérieur. De nouvelles variétés de marbre sont travaillées en provenance des régions méridionales de la France. Pour satisfaire la demande, des scieries nouvelles entrent en activité. De nouveaux modèles apparaissent, ainsi Derome, tailleur de pierre partit travailler à Paris, imagina un tour à marbre qu'il construisit lui-même permettant la fabrication de coupes et de colonnettes apportant un regain de nouveauté aux modèles traditionnels.
L'ampleur des commandes est telle que l'industrie du marbre se structure très nettement et qu'une hiérarchie sociale s'établit.

d) 4ème période : de 1870 à 1890

De 1870 à 1914, l'industrie marbrière connaît à Cousolre son apogée ; il faut entendre par là que le nombre d'ouvriers et d'ateliers atteint son maximum et reste stable pendant 40 ans.

A.JENNEPIN nous cite encore : " Pendant cette période la marbrerie de Cousolre produit entre autres travaux : des cheminées pour l'hôtel de ville de Paris - Le monument de Mgr Affringues en l'église de Boulogne sur Mer - Une grande cheminée Louis XIV pour la salle des fêtes de l'Hôtel Continental de Paris- Monuments des Illustrations Picardes - Idem élevés par le Gouvernement du Chili à la mémoire des héros de 79/84 - Une cheminée monumentale à l'Exposition Universelle de 1878, qui obtint la médaille d'argent...

Au point de vue travail et de l'interprétation des sujets à traiter, de bons ouvriers ont atteint une perfection et un fini d'exécution qui confinent à l'art. Enfin quelques maisons se sont attaché de véritables artistes en exposant au Salon.

Dans ces conditions on a vu la marbrerie de Cousolre produire les monuments suivant :
               
  • Monument de la bataille de Wattignies à Maubeuge               
  • Monument de la bataille de Wattignies à Wattignies (en granit des Flandres )               
  • Monument Carnot à Fontainebleau ( en pierre de Chauvigny.)               
  • Monument Carnot à Annecy ( en Chauvigny et marbre.)               
  • Monument du siège de St Quentin en 1557 ( en granit rose de Hongries.)               
  • Monument Watteau au Luxembourg ( en pierre de Chauvigny.)               
  • Monument de Samuel Champlain à Québec ( en pierre de Chauvigny.)               
  • Monument Blondel à Ribemont ( en granit des Flandres.)               
  • Quatre dauphins de 6 mètres de hauteur pour le pont Alexandre III, à l'exposition de 1900.

Autres travaux d'arts et d'architectures pour des particuliers :
               
  • Autels, depuis 22 000 F jusqu'à 40 000 F               
  • Chaires à prêcher, tables de communion, mobiliers d'église.               
  • Chapelles et monuments funéraires de 22000 F à 70000 F               
  • Escaliers, cheminées artistiques.               
  • Statues, statuettes, reproductions en marbre d'œuvres d'art en bronze.


Cliquez pour agrandir l'imageLe déclin

En 1930, pour contrer la crise, la municipalité de Cousolre  et la commission des cours professionnels organisent une exposition artistique du marbre.
Cliquez pour agrandir l'imageUn timbre et une carte postale sont édités en souvenir de cet évènement.
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Cet article de presse, paru entre 1945 et 1952, titre: " La capitale du marbre se meurt, et ses vieux artistes songent à sculpter leur tombeau".
Le journaliste explique que la crise de 1930, le progrès, et la hausse des prix a été fatale à cette industrie, et que plusieurs ateliers sont désormais en ruine.


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